La canne à mouche passe pour être la pièce maîtresse du matériel du pêcheur à la mouche. C'est sans doute vrai, mais la meilleure des cannes à mouche ne vaudrait strictement rien sans une soie et un bas de ligne parfaitement adaptés, ainsi qu'un moulinet qui ne la déséquilibre pas.
On trouve des cannes de toutes les tailles, de toutes les puissances, à une main ou à deux mains, en deux brins ou plus. Et je ne parle pas de l'action de la canne qui peut aller de la queue de vache à la vraie trique. Bref, il y en a pour tous les goûts. Oui mais voilà, quand on débute, on n'a pas de goût. Et ensuite, on peut avoir mauvais goût... Tout simplement parce qu'on s'habitue au matériel qu'on possède. On fait avec.
Les pages qui suivent s'adressent aussi bien aux débutants pour les aider dans leur choix d'une canne à mouche, qu'aux pêcheurs expérimentés. Ces derniers me reprocheront peut-être de mettre en avant mes goûts personnels, de ne pas être impartial, etc. Je dois dire que mon goût pour un type de canne s'est forgé au bout de 7 à 8 années de pêche. À l'époque où j'ai appris le Spey Cast et, par voie de conséquence, le rouler. Depuis, quand j'essaie une canne à mouche, j'essaie toujours de faire quelques roulers. Toutes les cannes ne permettent pas de rouler correctement. En revanche, toutes les cannes qui roulent correctement permettent aussi de lancer en coup droit ou en revers. Vous me direz: "À quoi ça sert une canne qui fait bien le rouler si on ne fait jamais de rouler?" Bien sûr. Mais si vous ne faîtes jamais de rouler, peut-être est-ce parce que vous ne savez pas faire le rouler, ou pas bien le faire. Parce que vous ne savez pas allonger la ligne en roulant, shooter avec un rouler, changer de direction en faisant un rouler. Il est vrai que ces lancers ne s'appellent plus vraiment rouler, même s'ils y sont fortement apparentés, mais Spey Cast et Underhand Cast. Un de mes anciens amis et excellent lanceur était capable de sortir toute la soie avec n'importe quelle canne à mouche. Souvent les pêcheurs qui lui faisaient essayer leur canne, repartaient convaincus que leur canne était excellente parce qu'ils l'avaient vu shooter toute la soie. Lui me confia qu'il n'en était rien, qu'en coup droit il était capable d'en faire autant avec un manche à balai!
Dans les salons, on voit à peu près tous les pêcheurs essayer les cannes en tirant le plus loin possible, disons le plus loin qu'ils peuvent. Bien sûr, c'est amusant, et puis ça épate la galerie. Mais est-ce bien là la pêche à la mouche? Je ne dis pas que savoir lancer loin ne sert à rien, mais être précis, savoir poser délicatement la mouche là où l'on veut, savoir éviter les branches, contourner les obstacles, parvenir à placer la mouche là où il faut et dans toutes les circonstances est sans doute au moins aussi utile. Si pour atteindre des distances record en coup droit, beaucoup de cannes rivalisent et excellent aujourd'hui, quand il s'agit de situations pratiques de pêche, il n'y a plus vraiment de bousculade. Je me souviens de ce salon aux USA où un pêcheur double tractionnait comme un fou pour essayer d'atteindre l'autre bout du bassin avec sa canne de mer, alors qu'à côté de lui un autre posait sa mouche délicatement au ras du bout de ce même bassin, en rouler et avec une 8'8 munie d'une soie de 5! Il était clair que la technique et le matériel y étaient pour beaucoup.
Une canne à mouche se choisit en fonction de trois critères principaux: la puissance, la longueur et l'action. Le nombre de brins de la canne peut être un élément décisif lors du choix. Le poids et le matériau dans lequel est réalisée la canne sont des critères auxquels j'attache moins d'importance. Récemment, enfin, est apparu un nouveau critère: la couleur.
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